De génération en génération…

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J’ai toujours aimé Noël. De la décoration du sapin à l’indigestion de chocolats, en passant par les longues soirées au coin du feu et les retrouvailles entre cousins. J’ai toujours aimé les petites traditions familiales inventées ici et là au fil des années, et qui se sont imposées comme telles, nous rassemblant autour de souvenirs communs.

Chaque année, mon père achetait le sapin le dernier week-end avant Noël. Du coup, on a souvent adopté des sapins décharnus, tous tordus. On leur faisait une place à la maison, bougeant plantes et canapés pour s’assurer que le Père Noël trouverait sans mal le chemin de son pieds et de nos petits souliers. Puis commençait le temps de la décoration au rythme de chansons de Noël allemandes, offertes par une correspondante il y a bien longtemps. Ma sœur et moi composant ce sapin avec délicatesse et précision, et mon père et mon frère venant y ajouter guirlandes et étoile des seventies en pouffant comme 2 enfants. Puis le 25, le plaisir d’aller sauter sur le lit des parents pour les réveiller (oui, bon, ça ça a fini par passer!), et de découvrir les cadeaux au pied du sapin, les ouvrir en pyjama, les cheveux en pagaille et les sourires traversant nos visages d’une oreille à l’autre, l’oeil pétillant de découvrir les surprises réservées à chacun. Un bol de chocolat chaud, et c’était le grand départ pour aller retrouver les cousins, dans cette maison de campagne où nous arrivions systématiquement en retard.

Et puis il y avait Pépé, mégot éteind àu coin des lèvres, qui passait 3 semaines avec nous et ramassait les feuilles du jardin. Pépé et sa casquette, pépé au ongles trop longs et aux joues rapeuses. Pépé qui sentait bon le tabac froid.

Puis les années passent, la vie est passée par là, chacun a fait du chemin, et je n’ai plus 7 ans.

Alors cette année, on délocalise Noël. On fêtera Noël autour de notre sapin, de notre cheminée. Cette année on se recentre, on part de nous, de ce petit noyau familial naissant. Cette année on bouge les lignes établies et on s’invente de nouvelles traditions.

Mais cette année, je sais aussi que l’étoile de mon enfance aparaîtra en haut de mon sapin le 25 au matin. Cette année, je sais que Petit Gris poussera sa brouette pour aider son grand père a ramasser les feuilles de notre jardin. Cette année, je sais que notre maison sentira bon les soupes de  ma maman. Cette année, on prend la suite, et quelque chose se continue. Ailleurs, autrement. Mais le lien est toujours là, inscrit dans une histoire familiale.

édit: c’est quand même mieux avec la photo!

Je me demande…

Je me demande si nous nous aimerons toujours, si nous saurons surmonter les crises. Je me demande combien de fois nous nous ré-épouserons. Je me demande à quoi nous ressemblerons quand nous serons vieux.

Je me demande comment il est possible, dans une même journée, de se sentir à la fois si heureuse et comblée, et si triste et désemparée. Je me demande combien de temps je vais réussir à partitionner ma vie. Je me demande si je vais réussir à ne pas devenir folle.

Je me demande ce que je vais faire de toute cette colère. Je me demande si mes proches se rendent comptent que j’ai en moi toute cette colère. Je me demande s’ils sauraient m’aider à trouver quoi en faire si je leur en parlais. Je me demande si parfois je n’en parle pas trop, justement.

Je me demande comment il est possible d’aimer aussi fort. Je me demande comment font les autres pour canaliser cet amour qui déborde, pour ne pas se laisser envahir et ne pas inonder l’entourage de cet amour-là qui ne regarde que nous.

Je me demande pourquoi Petit Gris me paraît si fragile, et Orangette si forte. Elle est pourtant si petite encore. Je me demande si mon regard sur eux ne les enferme pas à une place qu’ils ne se sont pas choisis. Je me demande si je saurai faire fi de mes propres projections, et leur laisser toute liberté de grandir comme ils l’entendent.

Je me demande si je saurai les protéger comme il le faut. Je me demande si je ne les protège pas trop déjà.

Je me demande s’ils seront vraiment bilingues. Je me demande si je supporterai qu’ils le soient, si la fierté prendra le dessus sur la frustration de ne pas comprendre et de ne pouvoir participer. Je me demande s’il saura faire en sorte que je ne me sente pas exclue. Je me demande si ma peur ne freinera pas leur apprentissage.

Je me demande pourquoi je les appelle plus souvent par toutes sortes de petits noms plutôt que par leurs prénoms. Je me demande jusqu’à quel âge je leur donnerai ces petits noms. Je me demande à quel âge ils me demanderont d’arrêter. Je me demande pourquoi leurs prénoms étaient comme des évidences. Je me demande s’il les aimeront.

Je me demande si un jour je ferai la paix avec ma mère. Je me demande si un jour Orangette se posera la même question.

Je me demande si un jour j’arrêterai de m’activer le soir avant MC. S’il prendra la relève.

Je me demande si aujourd’hui Bourricot est vraiment allé au lycée. Et s’il ira demain. Et après-demain.

Je me demande si Petit Gris bavera encore pour sa rentrée en maternelle. Et s’il sera « propre ». Je me demande si Orangette bavera aussi.

Je me demande quel homme et quelle femme ils seront.

Je me demande où mon frérot passera Noël cette année. Et s’il pensera un peu à nous.

Je me demande pourquoi ce blog, au fond. Je me demande pourquoi je n’arrive pas vraiment à le tenir et si j’y arriverai un jour. Je me demande pourquoi j’aime autant lire les blogs des autres. Je me demande pourquoi je pleure si souvent devant certains billets. Et pourquoi je continue à le faire le matin alors que je suis dans le train et que ça me met mal à l’aise. Je me demande si j’ai vraiment retrouvé un taux d’hormone normal après la naissance d’Orangette, parce que quand même j’ai des réactions un peu bizarre parfois.

Je me demande ce que me réserve 2013, et si cette prochaine année sera à la hauteur de 2012.

Je me demande ce que mes collègues pensent de moi. Je me demande pourquoi je me demande cela. Je me demande pourquoi je n’arrive pas à ne pas m’impliquer et à laisser couler. Je me demande si un jour je saurai lâcher prise.

Je me demande s’il y en aura un troisième.

En écho à Marie de « Les Mamans testent », Isa, Clem, 8 à la maison, Marjoliemaman, et bien d’autres sur la toile!

 

 

 

 

Réjouissances hivernales

Ce matin, 5 bons centimetres de neige devant chez moi. Et mes yeux qui s’illuminent comme ceux d’une gamine malgré les réveils matinaux de plus en plus difficiles en cette fin d’année.

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Devant la maison…

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La place du Bout du Bois, préparatifs du marché de Noël

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À la gare, cette longue perspective blanche et des trains qui roulent malgré la neige!

Heureuses réjouissances hivernales qui aident à tenir jusqu’au bout! Le plaisir de Petit Gris qui attend avec impatience d’ouvrir la case de son calendrier de l’avent pour y piocher son « chocholat » (merci Dame Tartine!), le voir emmitoufflé bien au chaud de la tête aux pieds, bottes fourrées et bonnet vissé sur la tête, le voir devenir un peu bûcheron et nous aider à porter les bûches jusqu’à la cheminée (oui, enfin, le petit bois, quoi, mais pour lui, c’est un peu des bûches quand même!), savoir que cette année Noël se passera chez nous, une sorte de crémaillère joyeuse et festive devant un joli sapin qui clignote, commencer à penser aux jolies choses que je pourrais offrir à ceux que j’aime, commencer à préparer doucement ces retrouvailles familiales et se dire que l’on invente aussi de nouvelles traditions autour d’un nouveau noyau familial, se lécher d’avance les babines en faisant la liste des courses, sentir l’odeur des clémentines que l’on épluche…

La liste vient toute seule et elle est longue encore. Rien que d’y penser j’ai le sourire pour le reste de la journée!